Seuil de rentabilité : comment calculer le point mort ?
- Sabrina ASAGE
- 24 oct.
- 4 min de lecture

Connaître son chiffre d’affaires, c’est bien. Mais savoir à partir de quel moment une activité devient réellement rentable, c’est mieux. Le seuil de rentabilité, aussi appelé point mort, est l’un des indicateurs les plus stratégiques pour piloter une entreprise. Il vous dit exactement à partir de quelle date ou de quel volume de ventes votre activité commence à générer du bénéfice.
Dans cet article, nous allons voir ce qu’est le seuil de rentabilité, comment le calculer facilement et surtout comment l’utiliser pour prendre de meilleures décisions de gestion pour votre entreprise.
Le seuil de rentabilité, c’est quoi exactement ?
Le seuil de rentabilité correspond au niveau de chiffre d’affaires nécessaire pour couvrir l’ensemble des charges de l’entreprise : les charges fixes et les charges variables. En dessous, l’entreprise est en perte. Au-dessus, elle dégage un bénéfice.
Autrement dit, c’est la frontière entre la zone de perte et la zone de profit. Connaître ce point d’équilibre permet de piloter son activité avec précision et de savoir combien il faut vendre pour ne pas perdre d’argent.
Le point mort, lui, représente la date à laquelle ce seuil est atteint dans le calendrier de l’exercice. Par exemple, si votre seuil de rentabilité correspond à 240 000 € et que vous l’atteignez le 15 septembre, votre point mort est fixé à cette date.
Comment se calcule le seuil de rentabilité ?
Pour comprendre le calcul, il faut distinguer trois notions essentielles : les charges fixes, les charges variables et le taux de marge sur coûts variables.
Les charges fixes
Ce sont les dépenses qui ne varient pas selon le volume d’activité : loyers, salaires, assurances, abonnements, amortissements… Elles doivent être couvertes quel que soit le niveau de ventes.
Les charges variables
Elles évoluent en fonction de l’activité : achats de matières premières, emballages, commissions, transport, etc. Elles dépendent directement du chiffre d’affaires.
Le taux de marge sur coûts variables (TMCV)
Il correspond à la part du chiffre d’affaires qui reste après déduction des charges variables. C’est ce qui permet de couvrir les charges fixes, puis de générer du bénéfice.
La formule du seuil de rentabilité
La formule est simple :
Seuil de rentabilité = Charges fixes ÷ Taux de marge sur coûts variables
Et le taux de marge sur coûts variables se calcule ainsi :
TMCV = (Chiffre d’affaires – Charges variables) ÷ Chiffre d’affaires
Prenons un exemple :
Chiffre d’affaires : 400 000 €
Charges variables : 240 000 €
Charges fixes : 100 000 €
Le TMCV = (400 000 – 240 000) ÷ 400 000 = 40 %Le seuil de rentabilité = 100 000 ÷ 0,40 = 250 000 €. Cela signifie que votre entreprise doit réaliser 250 000 € de chiffre d’affaires pour couvrir ses charges. Au-delà, chaque euro supplémentaire contribue à votre bénéfice.
Comment calculer le point mort ?
Le point mort traduit ce même seuil en nombre de jours d’activité.Il se calcule à partir du chiffre d’affaires annuel prévisionnel :
Point mort (en jours) = (Seuil de rentabilité ÷ Chiffre d’affaires annuel) × 360
En reprenant l’exemple précédent :(250 000 ÷ 400 000) × 360 = 225 jours.
Votre entreprise devient donc rentable à partir du 13 août, si vous travaillez sans interruption sur l’année. Ce repère permet de suivre votre progression et d’évaluer le moment où l’activité commence réellement à créer de la valeur.
Pourquoi cet indicateur est essentiel ?
Le seuil de rentabilité n’est pas un simple ratio comptable : c’est un outil de pilotage stratégique. Il aide à fixer des objectifs réalistes, à connaître le niveau d’activité minimum à atteindre et à identifier les leviers de rentabilité.
C’est aussi un indicateur de sécurité : tant que le seuil n’est pas atteint, il faut éviter de prendre des engagements trop lourds. Inversement, une fois ce cap franchi, il devient possible d’investir sereinement. Il révèle également la structure de vos coûts. Un seuil de rentabilité élevé peut traduire des charges fixes trop importantes ou des marges insuffisantes. À l’inverse, un seuil bas indique une entreprise agile, capable de dégager du profit rapidement.
Et puis, cet indicateur permet de tester des scénarios : hausse des coûts, baisse des prix, variation du volume de ventes… Chaque simulation vous aide à anticiper et à ajuster votre stratégie.
Les erreurs courantes à éviter
La première erreur est d’oublier certaines charges indirectes dans le calcul. Les frais administratifs, les abonnements ou les assurances doivent impérativement être inclus.
Beaucoup d’entreprises commettent aussi l’erreur de ne pas actualiser leur calcul. Les charges et les marges évoluent constamment : un seuil de rentabilité figé depuis deux ans n’a plus de sens.
Enfin, certains dirigeants confondent atteindre le seuil et être rentable. Le seuil de rentabilité marque simplement le point d’équilibre. Il faut ensuite générer une marge de sécurité pour absorber les imprévus et financer la croissance.
Comment exploiter le seuil de rentabilité au quotidien
Une fois calculé, le seuil de rentabilité devient un outil de suivi concret. Vous pouvez le comparer à votre chiffre d’affaires réel pour mesurer vos performances, ou l’utiliser pour fixer vos objectifs commerciaux.
Si le seuil se situe trop près de votre chiffre d’affaires moyen, c’est un signal d’alerte : il faudra sans doute réduire vos charges fixes ou améliorer votre marge. L’enjeu n’est pas simplement d’atteindre le point d’équilibre, mais de créer un écart confortable entre ce seuil et vos ventes réelles.
Comme le disait Henri Fayol :
« Gérer, c’est prévoir. Et prévoir, c’est déjà agir. »
Cette phrase résume l’essence même du pilotage financier : anticiper plutôt que subir.
Pourquoi se faire accompagner dans ce calcul
Le calcul du seuil de rentabilité peut sembler simple, mais sa fiabilité repose sur la qualité des données et sur la bonne distinction entre charges fixes et variables. C’est là que l’accompagnement d’un cabinet comptable prend tout son sens.
Chez ASAGE, nous vous aidons à établir un calcul précis, à comprendre les écarts et à utiliser cet indicateur pour prendre de vraies décisions de gestion : ajuster vos prix, réorganiser vos coûts, simuler des scénarios. Notre rôle n’est pas seulement de faire des calculs : nous vous aidons à transformer ces données en leviers de rentabilité.



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